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TROISIÈME ENNÉADE.


mouvement, s’il consiste dans le mouvement circulaire [des astres][1], s’opère dans un temps déterminé, au bout duquel il revient au même point du ciel, mais il ne le fait pas dans le même espace de temps qu’il emploie pour fournir la moitié de son cours : l’un de ces deux mouvements n’est que moitié de l’autre et le second est le double ; tous les deux d’ailleurs, celui qui ne parcourt que la moitié de l’espace, et celui qui en parcourt la totalité, sont des mouvements de l’univers. En outre, on a remarqué que le mouvement de la sphère extérieure a le plus de vitesse. Cette distinction vient encore à l’appui de nos idées : car elle implique que le mouvement de cette sphère, et le temps qu’elle emploie pour l’opérer, sont choses différentes : le mouvement le plus rapide est celui qui emploie le moins de temps et parcourt le plus grand espace ; les mouvements plus lents sont ceux qui emploient plus de temps et ne parcourent qu’une partie de cet espace[2].

D’un autre côté, si le temps n’est pas le mouvement de la sphère, évidemment il est bien moins encore [le mobile], la sphère même, comme quelques-uns l’ont cru parce qu’elle se meut[3]. [Par cela seul se trouve écartée l’opinion qui confond le temps avec le mobile.]

    corporum motus sint tempora ? An vero, si cessarent cœli lumina et moveretur rota figuli, non esset tempus quo metiremur eos gyros et diceremus aut æqualibus morulis agi, aut si alias tardius, alias velocius moveretur, alios magis diuturnos esse, alios minus ? Aut, quum hoc diceremus, non et nos in tempore loqueremur, aut essent in verbis nostris aliæ longæ syllabæ, aliæ breves, nisi quia illæ longiore tempore sonuissent, istæ breviore ? » (Confessiones, XI, 23.)

  1. « Ératosthène disait que le temps est le cours du soleil ; Hestiée de Périnthe, physicien, le mouvement des astres les uns par rapport aux autres. » (Stobée, ib.)
  2. Voy. Porphyre, Principes de la théorie des intelligibles, t. I, p. LXXII, fin.
  3. « Pythagore disait que le temps est la sphère du ciel. » (Stobée, ib.) Voy. ci-dessus p. 172, note 2.