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TROISIÈME ENNÉADE.


serve entre eux ; or, la suite des mouvements forme un nombre, deux, trois, par exemple ; et l’intervalle est une étendue. Ainsi, la grandeur du mouvement sera un nombre comme dix, par exemple, ou bien un intervalle qui se manifeste dans l’étendue parcourue par le mouvement. Or, on ne découvre point là la notion du temps, mais seulement une quantité qui se produit dans le temps : sinon le temps, au lieu d’être partout, n’existera que dans le mouvement comme un attribut dans un sujet, ce qui revient à dire que le temps est le mouvement : car l’intervalle [du mouvement] n’est pas en dehors du mouvement, ce n’est qu’un mouvement non instantané. Si le temps est un mouvement non instantané, comme l’on dit que tel ou tel fait instantané s’opère dans le temps, nous demanderons quelle différence il y a entre ce qui est instantané et ce qui ne l’est pas. Ces choses diffèrent-elles sous le rapport du temps ? Alors le mouvement qui dure et son intervalle ne sont pas le temps, mais sont dans le temps.

Dira-t-on que le temps est bien l’intervalle du mouvement, mais qu’il n’est pas l’intervalle propre du mouvement même, qu’il est seulement l’intervalle dans lequel le mouvement a son extension (παρατάσιν ἔχει), en le suivant en quelque sorte (συμπαραθέουσα) ? On ne définit pas encore quelle est cette chose. Évidemment elle n’est autre que le temps dans lequel se produit le mouvement. Mais c’est là précisément ce que nous nous sommes dès le commencement proposé de déterminer. C’est comme si, prié de définir le temps, on répondait : le temps est l’intervalle du mouvement produit dans le temps. Quel est donc cet intervalle qu’on appelle le temps, quand on le considère en dehors de l’intervalle propre au mouvement ? Si l’on fait consister dans le mouvement l’intervalle propre au temps, où placera-t-on la durée du repos ? En effet, pour qu’un objet soit en mouvement, il faut qu’un autre soit en repos ; or le temps de ces objets est le même, quoiqu’il soit pour l’un