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LIVRE HUITIÈME.
DE LA NATURE, DE LA CONTEMPLATION ET DE L’UN[1].


[Préambule]. Si, badinant avant d’aborder la discussion sérieuse de la question, nous disions que tous les êtres, non-seulement les êtres raisonnables, mais encore les êtres irraisonnables, les végétaux ainsi que la terre qui les engendre[2], aspirent à la contemplation [à la pensée] et tendent à ce but, que même ils l’atteignent dans la mesure où il leur est donné naturellement de l’atteindre ; que, par suite de la différence qui existe entre eux, les uns arrivent véritablement à la contemplation, tandis que les autres n’en ont qu’un reflet et qu’une image, ne regarderait-on pas notre assertion comme un paradoxe insoutenable ? Mais, comme nous discutons entre nous, nous pouvons sans crainte soutenir, en badinant, ce paradoxe. Nous-mêmes, en effet, tout en badinant, ne nous livrons-nous pas en ce moment même à la contemplation ? Et non-seulement nous, mais tous ceux qui badinent, n’en font-ils pas autant et n’aspirent-ils pas à la contemplation ? On pourrait dire que l’enfant qui badine, aussi bien que l’homme qui médite, ont tous deux pour but, l’un quand il badine, l’autre quand il médite, d’arriver à la contemplation ; qu’enfin toute action tend à

  1. Ce livre, comme l’indique son titre, comprend trois parties : 1o De la Nature, § 1-3 ; 2o De la Contemplation, § 4-7 ; 3o De l’Un, § 8-10. Pour les autres Remarques générales, Voy. les Éclaircissements sur ce livre, à la fin du volume.
  2. Elle est animée selon Plotin. Voy. Enn. IV, liv. iv, § 30.