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LIVRE NEUVIÈME.
CONSIDÉRATIONS DIVERSES SUR L’ÂME, L’INTELLIGENCE ET LE BIEN[1].

1.

I. « L’Intelligence, dit Platon, voit les idées comprises dans l’Animal qui est[2]. » Il ajoute : « Le Démiurge conçut que cet animal produit devait comprendre des essences semblables et en pareil nombre » à celles que l’Intelligence voit dans l’Animal qui est. Platon veut-il dire que les idées sont antérieures à l’Intelligence et qu’elles existent déjà quand l’Intelligence les pense ? Il faut chercher d’abord si l’Animal même est la même chose que l’Intelligence, ou bien s’il constitue une chose différente d’elle. Or, ce qui contemple est l’Intelligence ; l’Animal même doit donc être appelé, non l’Intelligence, mais plutôt l’Intelligible[3]. En conclurons-nous que l’Intelligence a hors d’elle les choses qu’elle contemple ? Dans ce cas, elle ne possède que des images au lieu de posséder les réalités elles-mêmes, si nous admettons que les réalités

  1. Ce livre peut être considéré, par le sujet qui s’y trouve traité, comme le complément du précédent. Pour les Remarques générales auxquelles il donne lieu, Voy. les Éclaircissements à la fin du volume.
  2. Voy. Platon, Timée, p. 39 : ᾗπερ οὖν νοῦς ἐνούσας ἰδέας τῷ ὅ ἐστι ζῶον, οἶαι τε ἔνεισι ϰαὶ ὅςαι, ϰαθορᾷ, τοιάυτας ϰαὶ τοσάυτας διενοήθη δεῖν ϰαὶ τόδε σχεῖν. La discussion à laquelle se livre ici Plotin a pour but d’expliquer en quoi consistent l’Intelligence, νοῦς, l’Animal qui est, τῷ ὅ ἐστι ζῶον, et le principe qui a conçu, διενοήθη.
  3. Voy. dans les Éclaircissements sur ce livre la citation que Proclus a faite de ce passage.