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TROISIÈME ENNÉADE.


En le pensant, elle est d’une manière l’Intelligence, et d’une autre manière l’Intelligible, parce qu’elle l’imite. C’est donc elle qui a conçu le dessein de produire dans l’univers les quatre genres d’animaux qu’elle voit là-haut. Ici cependant Platon semble présenter d’une manière mystérieuse le principe qui conçoit (τὸ διανοούμενον)[1] comme différent des deux autres principes, tandis que d’autres pensent que ces trois principes, l’Animal même, l’Intelligence et le Principe qui conçoit, ne font qu’une seule chose. Faut-il admettre qu’ici, comme ailleurs, les opinions sont partagées, et que chacun conçoit les trois principes à sa façon ?

Nous avons déjà fait connaître deux de ces principes [savoir, l’Intelligence et l’Intelligible, lequel est appelé ici l’Animal même]. Quel est le troisième ? C’est celui qui a résolu de produire, de former, de diviser les idées que l’Intelligence voit dans l’Animal. Est-il possible qu’en un sens l’Intelligence soit le principe qui divise, et qu’en un autre sens le principe qui divise ne soit pas l’Intelligence ? En tant que les choses divisées procèdent de l’Intelligence, l’Intelligence est le principe qui divise. En tant que l’Intelligence reste elle-même indivise, et que les choses qui


    dicat, his verbis censet eum indicare velle quietum Mentis suæ sibi consciæ statum ; tum quod Mens divina cogitaverit quomodo ad sensibile hoc universum formas rerum in ipsa latentes transferre possit, hac re putat æternam illam Mentis efficaciam significari, quæ et ipsa non sit à Mente diverse, ita ut ternionem illum, quem in Mente divina et humana inesse cognoverat, mentis, cogitati, cogitationis, jam Plato ei verbis suis spectasse videatur. » (Meletemata plotiniana, p. 10.) Pour les rapports de la théorie de Plotin sur l’Intelligence avec celle d’Aristote, Voy. le tome I, p. 260, note 3.

  1. Plotin a dit ci-dessus : « Suivant Platon, le Démiurge conçut que cet animal produit [savoir le monde sensible] devait comprendre des essences semblables et en pareil nombre à celles que l’Intelligence voit dans l’Animal qui est [savoir le monde intelligible]. »