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LIVRE NEUVIÈME.


[parce qu’il comprend la chose pensante et la chose pensée] ; il se pense lui-même, et, par cela même, il est défectueux, parce que son bien consiste à penser, non à subsister (οὐϰ ἐν τῇ ὑποστάσει).

8. De ce qui est en acte et de ce qui est en puissance[1].

De ce qui est en acte se rapproche ce qui passe de la puissance à l’acte et reste toujours le même tant qu’il subsiste[2] ; c’est de cette manière que les corps tels que le feu peuvent posséder la perfection. Mais ce qui passe de la puissance à l’acte ne peut exister toujours, parce qu’il contient de la matière. Au contraire, ce qui est en acte et qui est simple existe toujours. D’ailleurs ce qui est en acte peut être aussi en puissance[3] sous un certain rapport.

  1. « In octava consideratione notabis conditionem actus formalis potentiæque formabilis inter se opponi ; adeo ut potentia hæc accipiat actum, actus vero, qua ratione actus est, potentiam non recipiat. Ubi ergo actus est solus, ut in Primo, sempi terna res est, quoniam nulla ibi ad aliam formant potentia latet. Item ubi potentia tota formabllis translata est in naturam formæ, adeo ut forma illic nullo modo ad naturam potentiæ retrahatur, res etiam est sempiterna : præsertim quia potentia illic totum habet actum quantumcunque potest cupitque habere : quales sunt intellectuales essentiæ ignisque cœlestis. » (Ficin.)
  2. M. Steinhart, dans ses Meletemata plotiniana (p. 54), propose de lire : τὸ ἐνεργείᾳ πᾶν τῷ ἐϰ’ δυνάμεως εἰς ἐνεργειάν ἐστι ταὐτὸν, au lieu de τὸ ἐνεργείᾳ παντὶ τῷ ἐϰ’ δυνάμεως εἰς ἐνεργειαν ὅ ἐστι ταὐτὸν ἀεὶ. Voici comment il essaie du justifier cette correction. « Hæc duplex illa Mentis natura, ut primum ex Deo, qui est omnium rerum potentia, perpetuo progrediatur, tum omnia efficiat (quod est omnia actu), sed simul eadem sempersit, nunquam vero divisa. Il est évident que M. Steinhart n’a pas fait attention qu’ici commence une nouvelle question et qu’il ne s’agit plus de l’Intelligence divine. Du reste son erreur est excusable parce que la distinction des questions n’est indiquée que dans l’édition de M. Kirchhoff.
  3. Voy. Enn. II, liv. V, § 2 ; t. I, p. 227-228.