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SOMMAIRES.


2o  Le temps n’est pas non pas le mobile, c’est-à-dire, la sphère céleste, puisqu’il n’est même pas le mouvement de cette sphère.

3o  Le temps n’est pas non plus quelque chose du mouvement.

a. Il n’est point l’intervalle du mouvement, que l’on donne au mot intervalle le sens d’espace ou celui de durée : car, dans le premier cas, on confond le temps avec le lieu ; dans le second cas, tous les mouvements n’ont pas la même vitesse. Si l’on dit que le temps est l’intervalle du mouvement même, cet intervalle est le temps, et l’on ne définit rien.

b. Le temps n’est point la mesure du mouvement, soit que l’on considère le temps comme une quantité continue, soit qu’on le regarde comme un nombre : car, dire que le temps est la mesure du mouvement, c’est faire connaître une de ses propriétés, ce n’est pas définir son essence ; d’un autre côté, prétendre que le temps est une quantité mesurée ou un nombre nombré, c’est supposer qu’il n’a point de réalité en dehors de l’âme qui le mesure ou qui le nombre.

c. Le temps n’est point une conséquence du mouvement : car cette définition n’a point de sens.

(X-XII) Le temps est l’image mobile de l’éternité immobile. De même que l’éternité est la vie de l’Intelligence, le temps est la vie de l’Âme considérée dans le mouvement par lequel elle passe sans cesse d’un acte d’un autre. Il apparaît donc dans l’Âme ; il est en elle et avec elle. Son cours se compose de changements égaux, uniformes, et il implique continuité d’action. Il est engendré par la vie successive et variée qui est propre à l’Âme, et il a pour mesure le mouvement régulier de la sphère céleste : car le temps a la double propriété de faire connaître la durée du mouvement et d’être mesuré lui-même par le mouvement. Il est donc ce dans quoi tout devient, tout se meut ou se repose avec ordre et uniformité.

Le mouvement de l’univers se ramène au mouvement de l’Âme qui l’embrasse, et le mouvement de l’Âme se ramène lui-même au mouvement de l’intelligence.

Le temps est présent partout, parce que la vie de l’Âme est présente dans toutes les parties du monde. Il est présent aussi dans nos âmes, parce qu’elles ont une essence conforme à l’essence de l’Âme universelle.


LIVRE HUITIÈME.
DE LA NATURE, DE LA CONTEMPLATION ET DE L’UN.

L’objet de ce livre est de démontrer que toute production, toute action suppose une pensée. Pour produire, la Nature contemple les raisons séminales contenues dans l’Âme universelle, l’Âme universelle contemple les idées de l’Intelligence, et l’Intelligence contemple la puissance de l’Un.

(I-III) Pour produire, il ne faut à la Nature que la matière qui reçoit la