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LIVRE TROISIÈME.


XVII. Les âmes vont d’abord du monde intelligible dans le ciel. Voici la raison qu’on en peut donner. Si le ciel est le meilleur lieu du monde sensible, il doit être le plus voisin des limites du monde intelligible. Les corps célestes sont donc les premiers qui reçoivent les âmes, étant les plus propres à les recevoir. Le corps terrestre n’est animé que le dernier, et n’est propre qu’à recevoir une âme inférieure, parce qu’il est plus éloigné de la nature incorporelle. Toutes les âmes illuminent d’abord le ciel, et y répandent leurs premiers et leurs plus purs rayons ; le reste est éclairé par des puissances inférieures. Il est des âmes qui, descendant plus bas, éclairent les choses sublunaires ; mais elles ne gagnent pas à s’éloigner autant de leur origine.

Qu’on s’imagine un centre, autour de ce centre un cercle lumineux qui en rayonne, puis autour de ce cercle un second cercle lumineux aussi, mais lumière de lumière (φώς ἐκ φωτός)[1] ; ensuite, au delà et en dehors de ces deux cercles, un autre cercle, qui n’est plus un cercle de lumière, mais qui est seulement éclairé par une lumière

    refertur ad Deum, sed malevolentiæ suæ mercedem accipiunt. Quemadmodum nec bonis imputatur, quod ipsis prodesse volentibus nocetur alicui, sed bono animo benevolentiæ præmium tribuitur ; ita etiam cetera creatura pro meritis animarum rationalium vel sentitur, vel latet, vel molesta, vel commoda est. Summo enim Deo cuncta bene administrante quæ fecit, nihil inordinatum in universo, nihil injustum est, sive scientibus sive nescientibus nobis. Sed in parte offenditur anima peccatrix ; tamen quia pro meritis ibi est, ubi talem esse decet, et ea patitur quæ talem pati æquum est, universum regnum Dei nulla sua fœditate deformat. » (S. Augustin, De diversis quœstionibus, § 27.)

  1. La remarque que nous avons faite ci-dessus (p. 288, note 4), pour le terme d’interprète employé par Plotin en parlant de l’Âme universelle, s’applique également ici à l’expression lumière de lumière. C’est surtout dans l’Ennéade V (liv. I, § 2 et suiv.) que Plotin se sert pour l’Âme universelle d’expressions usitées chez les Chrétiens pour l’Esprit-Saint ; ainsi il dit : « L’Âme universelle a produit tous les animaux en leur soufflant un esprit de vie, etc. »