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QUATRIÈME ENNÉADE.


logue à la bile qui excite la colère[1], ainsi qu’aux autres parties qui composent le corps de l’homme. Il y a également dans les végétaux certaines choses qui font obstacle à d’autres et qui même les détruisent. Or le monde forme non-seulement un animal, mais encore une pluralité d’animaux : chacun d’eux, en tant qu’il ne fait qu’un avec l’univers, est conservé par lui ; mais, en tant qu’il entre en relations avec la foule des autres animaux, il en peut blesser un ou en être blessé, le faire servir à son usage ou s’en nourrir, parce qu’il en diffère autant qu’il lui ressemble, que le désir naturel de sa conservation le porte à s’approprier ce qui lui est conforme et à détruire dans son propre intérêt ce qui lui est contraire. Enfin, chaque être, en remplissant son rôle dans l’univers, est utile à ceux qui peuvent profiter de son action, blesse ou détruit ceux qui ne peuvent la supporter : ainsi les végétaux sont desséchés par le passage du feu, les petits animaux sont entraînés ou foulés par les grands. Cette génération et cette corruption, cette amélioration et cette détérioration des choses rendent facile et naturelle la vie de l’univers considéré comme un seul animal. En effet, il n’était pas possible que les êtres particuliers qu’il contient vécussent comme s’ils étaient seuls, qu’ils eussent leur fin en eux-mêmes et ne servissent qu’à eux-mêmes : puisqu’ils ne sont que des parties, ils doivent, comme tels, concourir à la fin du tout dont ils sont les parties ; enfin, comme ils sont différents, ils ne sauraient conserver chacun leur vie propre, parce qu’ils sont contenus dans l’unité de la vie universelle ; ils ne sauraient non plus demeurer tout à fait dans le même état, parce que l’univers doit posséder la permanence et que, pour lui, la permanence consiste à être toujours en mouvement.

    soit parce qu’elles l’altèrent par leur faiblesse, soit parce qu’elles ne sont pas en harmonie les unes avec les autres. » (Des Mystères, IV, 8, p. 112.)

  1. Voy. Enn. II, liv. III, § 6, p. 173.