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QUATRIÈME ENNÉADE.


Les parties de chaque petit animal éprouvent des changements et des affections sympathiques qui sont peu sensibles, parce que ces parties ne sont pas des animaux (si ce n’est pour quelque temps et chez quelques êtres seulement). Mais, dans l’animal universel, où les parties sont si éloignées les unes des autres, où chacune suit ses inclinations, où il y a une multitude d’animaux, les mouvements et les changements de place doivent être plus considérables. Aussi voyons-nous le soleil, la lune, et les autres astres occuper successivement des lieux divers et opérer des révolutions régulières. Il n’est donc pas contraire à la raison que les âmes changent de lieu comme elles changent de caractère, et qu’elles aient une place conforme à leurs dispositions : elles contribuent ainsi à l’ordre de l’univers en y occupant, les unes, une place analogue à celle de la tête dans le corps humain, et les autres, à celle des pieds : car l’univers admet des degrés différents sous le rapport de la perfection. Quand une âme ne choisit pas ce qu’il y a de meilleur, qu’elle ne s’attache pas non plus à ce qu’il y a de pire, elle passe dans un autre lieu, qui est encore pur, mais qui est en même temps proportionné à ce qu’elle a choisi. Les châtiments ressemblent aux re-

    partibus videntur mala esse, universe bona sunt. Anima potissimum nostra, inter superiores naturas, quibus cohæret, et inferiores sita, utrinque alias aliter afficitur ; et hic pugnæ conflictationesque non raræ. Omnia tamen divini judicii vi atque potestate dispensantur, nec cuiquam fas est hunc ordinem omnipotentis Boni effugere ; quo mala etiam ipsa malique homines ordinantur et eo loco figuntur, ubi turpitudine sua et malitia pulchritudinem universam adeo non dehonestent, ut eam potins commendent et illustrent. Et mali quidem nescii aguntur et rotantur quo eos Provídentiæ ineluctabilis potestas rapit ; at boni prudentes volentesque hunc ordinem sequuntur : nec mirum si in alias et alias universi partes transferantur, virtutum præmio afficiendi ; quum non tam terræ quam universi membra sint et in unum pulchritudinis justitiæque et boni imperium conspiret universitas. »