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LIVRE SEPTIÈME.
DE L’IMMORTALITÉ DE L’ÂME[1].


I. Sommes-nous immortels ou mourons-nous tout entiers ? ou bien, des deux parties qui nous composent, l’une est-elle condamnée à se dissoudre et à périr, et l’autre, qui constitue notre personne même, subsiste-t-elle perpétuellement ? Voilà les questions que nous avons à résoudre ici par l’étude de notre nature.

L’homme n’est pas un être simple : il y a en lui une âme et un corps, qui est uni à cette âme, soit comme instrument, soit de quelque autre manière[2]. Voici comment il faut distinguer l’âme du corps et déterminer la nature et l’essence de chacun d’eux.

La nature du corps étant d’être composé, la raison fait comprendre qu’il ne peut durer perpétuellement, et les sens nous le montrent dissous, détruit, en proie à la corruption, parce que les éléments qui le composent retournent se joindre aux éléments de même nature, s’altèrent, se transforment, se détruisent les uns les autres surtout quand cette masse est abandonnée de l’âme, qui seule en tient les parties unies ensemble. Un corps, fût-il pris seul, n’est pas un ; il peut se décomposer en forme et

  1. Pour les Remarques générales, Voy. les Éclaircissements sur ce livre à la fin du volume.
  2. Voy. ci-dessus, p. 306.