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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


supérieur. L’amour aiguillonne l’âme jusqu’à ce que, s’étant élevée au-dessus de tout ce qui est étranger au Bien absolu, elle voie, seule à seul, dans toute sa simplicité, dans toute sa pureté, Celui dont tout dépend, auquel tout aspire, duquel tout tient l’existence, la vie et la pensée (t. I, p. 108-118).

4. Rapports de l’âme humaine avec les trois hypostases divines.

Notre être est l’image des trois hypostases divines :

1o  de l’Un. — Par l’unité qui fait le fond de notre être, nous touchons à l’Un et nous subsistons en lui (t. I, p. 330).

2o  de l’Intelligence. — Par notre intelligence, nous sommes en communication perpétuelle avec l’Intelligence divine, qui nous éclaire toutes les fois que nous nous tournons vers elle (t. I, p. 348). En effet, le monde intelligible, qui est le lieu de la pensée, contient non-seulement l’Intelligence universelle tout entière, mais encore les intelligences particulières : l’Intelligence universelle contient en puissance les autres intelligences ; et, de leur côté, les intelligences particulières ont chacune en acte ce que la première contient en puissance (t. II, p. 483).

3o  de l’Âme universelle. — Par notre âme, nous sommes dans le même rapport avec l’Âme universelle que par notre intelligence avec l’Intelligence universelle. Puisqu’il y a une Intelligence une et une pluralité d’intelligences, il devait y avoir également une Âme une et une pluralité d’âmes, et il fallait que de l’Âme qui est une naquit la pluralité des âmes particulières et différentes, comme d’un seul et même genre proviennent des espèces qui sont les unes supérieures, les autres inférieures, les unes plus intellectuelles et les autres moins intellectuelles (t. I, p. 482).

La sympathie universelle prouve que toutes les âmes forment une unité générique. L’Âme universelle est une essence une et entière qui engendre toutes les âmes et se communique à elles en demeurant en elle-même, comme la science est tout entière dans chacune de ses parties et les engendre sans cesser d’être tout entière en elle-même (t. II, p. 498, 501).

D’un autre côté, les âmes ne forment pas une unité numérique : car, dans ce cas, les âmes particulières ne seraient que des fonctions diverses de l’Âme universelle, comme nos sens ne sont que des fonctions diverses de notre âme, en sorte que l’Âme universelle seule penserait. Or, il n’en est pas ainsi : la pensée est une fonction propre, indépendante ; chaque intelligence subsiste par elle-même. L’individualité n’est même pas anéantie par la mort,