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TRAITÉ DE L’ÂME.
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l’Âme un corps, comme les Stoïciens et une foule d’autres ; ni ceux qui la conçoivent mélangée avec la génération [avec le corps], comme la plupart des Physiciens ; ni ceux qui supposent qu’elle est un produit du corps, qu’elle consiste dans une espèce d’harmonie[1].

Des Actes de l’âme.

IX[2]. Toutes les âmes accomplissent-elles les mêmes actes, ou bien les âmes universelles[3] produisent-elles des actes parfaits, et les autres âmes des actes conformes au rang qui a été assigné à chacune d’elles ?

Selon les Stoïciens, il n’y a qu’une seule raison (εἶς λόγος (eis logos)) pour les âmes universelles et les âmes particulières, leur entendement est

    intuitions simples de la faculté intellectuelle. La Science en effet n’est pas le plus haut degré de la connaissance ; au-dessus d’elle il y a encore l’Intelligence : je ne parle pas ici de l’Intelligence séparée de l’âme [c’est-à-dire de l’Intelligence suprême], mais de l’illumination que l’âme en reçoit, intelligence dont Aristote dit : c’est par l’intelligence que nous connaissons les principes [Dern. Analyt., I, 3] ; et Platon : c’est dans l’âme qu’est produite l’intelligence [Timée, p. 30]. Nous étant élevés à cette intelligence, nous contemplerons avec elle l’essence intelligible, saisissant par des intuitions simples et indivisibles les genres des êtres qui sont simples, indivisibles et immuables. Enfin, dépassant cette intelligence si précieuse, nous éveillerons la sommité de notre âme qui fait de chacun de nous une unité et ramène à l’unité la multiplicité qui se trouve en nous. De même que nous participons de l’intelligence par notre intelligence, de même nous participons du Premier, qui rend chaque chose une, par l’unité et la fleur de notre essence. Car le semblable est partout connu par le semblable, les choses rationnelles par la raison, les intelligibles par l’intelligence, les formes unes des êtres par l’unité de notre âme : c’est là le plus élevé de nos actes ; par lui, nous devenons divins (ἔνθεοι (entheoi)), quand, fuyant toute multiplicité, nous appliquant à l’unification de nous-mêmes (ἔνοισις ἡμῶν (enoisis hêmôn)), nous devenons unité et nous recevons la forme de l’Un. » (Comm. sur l’Alcibiade, t. II, p. 106.)

  1. Voy. ci-dessus, § II, p. 633, note 4.
  2. Stobée, Eclogœ physicœ, LII, § 33, p. 886. Dans le § VIII, Jamblique a traité des opérations de l’âme humaine. Dans le § IX, il compare les actes de l’âme humaine à ceux des autres âmes.
  3. Par âmes universelles, ψυχαὶ ὅλαι (psuchai holai), Jamblique entend les âmes qui sont unies à l’Âme universelle et gouvernent avec elle l’univers ; et par âmes particulières, ψυχαὶ μερισται (psuchai meristai), les âmes qui se sont séparées de l’Âme universelle pour descendre ici-bas, et qui, dans cette nouvelle condition, ne gouvernent plus qu’une partie, c’est-à-dire le corps auquel elles sont unies. Voy. Proclus, Éléments de Théologie, § CLXXXV, CCIII, CCIV, CCVI.