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LIVRE PREMIER.


ils sont actifs, et, sous ce point de vue, ils se rapportent à une autre chose, ils sont relatifs ; ils sont encore relatifs en ce sens qu’ils sont des habitudes. — Faut-il donc admettre que l’activité, qui n’est activité que parce qu’elle est une qualité, est une chose substantiellement différente de la qualité ? — Dans les êtres animés, surtout dans ceux qui sont capables de choisir parce qu’ils inclinent vers telle ou telle chose, l’activité a une nature réellement substantielle. Mais, dans les puissances inanimées, que nous appelons qualités, en quoi consiste l’action qu’elles exercent ? Est-ce en ce que ce qui approche d’elles participe à leurs propriétés ? — Si la puissance qui agit sur une autre chose pâtit en même temps, comment est-elle encore active ? Car la chose plus grande, qui par elle-même a trois coudées, n’est plus grande ou plus petite que par le rapport qui s’établit entre elle et une autre. — On pourra répondre que la chose plus grande ou plus petite devient telle en participant à la grandeur et à la petitesse[1]. De même, la chose qui est à la fois active et passive devient telle en participant à l’activité et à la passivité.

Il y aurait lieu d’examiner si les qualités qu’on voit dans le monde sensible et celles qui existent dans le monde intelligible peuvent être ramenées à un seul genre. Cette question doit être posée à ceux qui admettent qu’il y a aussi des qualités dans le monde intelligible[2]. — Doit-elle être posée aussi à celui qui n’admet pas qu’il y ait là-haut des espèces, mais qui se borne à attribuer quelque habitude à l’Intelligence ? Ne pourra-t-on pas demander alors s’il y a quelque chose de commun entre l’habitude qui se trouve dans l’Intelligence et l’habitude qu’on voit dans les choses sensibles ? On reconnaît que la sagesse existe dans l’Intelligence : si cette sagesse est homonyme de la sagesse

  1. Voy. ci-dessus p. 168.
  2. Selon Plotin, il n’y a pas de qualités dans les choses intelligibles. Voy. ci-dessus p. 168, note 1.