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LIVRE DEUXIÈME.


d’essence. S’il y a des objets fort divers qu’on appelle êtres, ce n’est que par accident, comme si par exemple on faisait du blanc une substance : car on ne donne pas le nom de substance au blanc considéré seul[1].

III. Nous disons donc qu’il existe plusieurs genres, et que cette pluralité n’est pas accidentelle. Ces divers genres ne dépendent-ils pas de l’Un ? Sans doute. Mais s’ils dépendent de l’Un, et que l’Un ne soit pas quelque chose qui s’affirme de chacun d’eux considéré dans son essence, alors rien n’empêche que chacun d’eux, n’ayant rien de conforme aux autres, ne constitue un genre à part. — Est-ce que l’Un, existant ainsi en dehors des genres qui naissent de lui, n’est pas leur cause sans être affirmé cependant des autres êtres considérés dans leur essence ? Sans doute : l’Un est en dehors des autres êtres. Bien plus, il est au-dessus d’eux, de telle sorte qu’il n’est pas compté au nombre des genres : car c’est par lui qu’existent les autres êtres, lesquels sont égaux les uns aux autres en tant que genres.

Mais, pourra-t-on demander alors, de quelle nature est cet Un qu’on ne compte pas au nombre des genres ? Ce n’est pas ce que nous avons à examiner dans ce moment : nous considérons les êtres, et non Celui qui est au-dessus de l’être. Laissons donc l’Un absolu, et cherchons ce qu’est l’Un que l’on compte au nombre des genres.

D’abord [en considérant l’Un à ce point de vue], on s’étonnera de voir la cause additionnée avec les choses causées. Il serait déraisonnable en effet de faire, entrer dans un même genre les choses supérieures et les inférieures. Si cependant, en additionnant l’Un avec les êtres dont il est la cause, on fait de lui un genre auquel les autres êtres soient subordonnés et dont ils diffèrent, si en outre on n’affirme point l’Un des autres êtres soit comme genre, soit à quelque autre titre, il est encore nécessaire que les

  1. Voy. ci-après liv. III, § 6.