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SIXIÈME ENNÉADE.


volonté, nécessairement il est aussi l’auteur de ce qu’on appelle être pour soi τὸ εἶναι αὑτῷ (to einai hautô)) ; or cela conduit à dire qu’il s’est fait lui-même : car, puisqu’il est l’auteur de la volonté, que celle-ci est en quelque sorte son œuvre, et qu’elle est identique à son être, il s’est donné l’être à lui-même (ὑποστήσας αὑτόν). Ce n’est donc point par hasard qu’il est ce qu’il est ; il est ce qu’il est parce qu’il a voulu l’être.

XIV. Voici encore un point de vue sous lequel on peut considérer le sujet qui nous occupe. Chacune des choses qu’on dit être (εἶναι (einai)) ou est identique à son être (à son essence, τὸ εἶναι αὑτοῦ (to einai hautou)), ou bien en diffère : ainsi, tel homme est autre que l’essence de l’homme ; il en participe seulement. L’âme au contraire est identique à l’essence de l’âme, quand elle est simple, quand elle n’est affirmée de rien autre. De même, l’homme en soi est identique à l’essence de l’homme. L’homme qui est autre que l’essence de l’homme est contingent ; mais l’essence de l’homme ne l’est point : l’homme en soi existe par soi. Si donc l’essence de l’homme existe par soi, si elle n’est ni fortuite ni contingente, comment pourrait être contingent Celui qui est supérieur à l’homme en soi et qui l’a engendré, de qui dérivent tous les êtres, puisqu’il est une nature plus simple que l’essence de l’homme et même que l’essence de l’être en général ? Si, en s’élevant vers le simple, on ne peut y porter la contingence, à plus forte raison est-il impossible que la contingence s’étende jusqu’à la nature qui est la plus simple de toutes [au Bien].

Rappelons-nous encore que chacun des êtres qui existent véritablement, comme nous l’avons dit, et qui ont reçu de la nature du Bien leur existence, lui doivent également d’être tels (ainsi que les êtres sensibles qui sont dans le même cas) : par être tels, j’entends avoir dans son essence même sa raison d’être (σὺν αὑτῶν τῇ οὐσίᾳ ἔχειν καὶ τής ὑποστάσεως τὴν αἰτίαν. (sun hautôn tê ousia echein kai tês hupostaseôs tên aitian)). Il en résulte que celui qui contemple