Page:Plutarque - Œuvres complètes de Plutarque - Œuvres morales et œuvres diverses, tome 1, 1870.djvu/679

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tion. C’est pour cela que les Lyctiens prétendent, d’un côté descendre des Athéniens par leurs mères, de l’autre être une colonie de Spartiates.

LYCIENNES.

Le fait que l’on donne comme s’étant passé en Lycie est, bien que fabuleux, consigné par le témoignage d’une tradition. Il est dit qu’un certain Amisodore, appelé Isaras par les Lyciens, était venu de Zélée, colonie Lycienne, conduisant des brigantins dont le capitaine était Chimarrus, guerrier intrépide, mais au cœur farouche et inhumain. Ce Chimarrus montait un bâtiment qui avait pour enseigne un lion à la proue et un dragon à la poupe. Il fit beaucoup de mal aux Lyciens, tellement que l’on ne pouvait plus naviguer, ni habiter les villes du littoral. Il fut donc tué par Bellérophon, qui se mit à sa poursuite monté sur son Pégase[1], et qui chassa également les Amazones. Mais loin d’avoir aucune récompense digne de ses services, Bellérophon fut traité par Iobate[2] avec la dernière ingratitude. Étant donc venu sur le bord de la mer, il implora contre lui la vengeance de Neptune, demandant que le pays devînt stérile et privé de toutes ressources ; puis, ces imprécations formulées, il se retira. Soudain les flots se soulèvent et engloutissent le sol. C’était un spectacle effrayant, que cette mer qui le suivait en se gonflant et qui cachait au loin la plaine. Les hommes suppliaient Bellérophon de l’arrêter, mais ils ne le persuadèrent pas. Alors les femmes vinrent au-devant de lui, leurs robes relevées ; et comme un sentiment de pudeur le fit se retourner en arrière, les flots, dit-on, se retirèrent en même temps que lui. Quelques-uns, modifiant ce qu’un tel récit présente de fabuleux, veulent que ce ne soient pas ses im précations qui eussent mis les vagues en mouvement. Selon eux, la partie la plus fertile de la plaine était au-dessous du

  1. Les poëtes feignent que c’estoit un cheval ailé ; mais il est vraysemblable que c’estoit un vaisseau fort léger. Note d’Amyot.
  2. Amyot ajoute : « roy de Lycie. »