Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/170

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personne n’avait la liberté de la voir. Elle mit au monde deux jumeaux d’une grandeur et d’une beauté singulières. Amulius, encore plus alarmé, chargea un de ses domestiques de les noyer. Il s’appelait, dit-on, Faustulus ; selon d’autres, c’est le nom de celui qui les recueillit. Le domestique d’Amulius, les ayant mis dans un berceau, descendit vers le Tibre pour les y jeter ; mais ce fleuve était si enflé et si rapide, que, n’osant approcher du courant, il les posa près du rivage, et se retira. L’eau qui croissait toujours éleva doucement le berceau, et le porta sur un terrain mou et uni qu’on appelle aujourd’hui Cermanum, et qui se nommait autrefois Germanum, apparemment parce que les Latins donnent aux frères le nom de Germains. Il y avait près de là un figuier sauvage, qu’on nommait Ruminal, soit, comme le croient la plupart des auteurs, à cause de Romulus, soit parce que les troupeaux qui ruminent allaient au milieu du jour se reposer sous son ombre ; ou plutôt parce que ces enfants y furent allaités ; car les anciens Latins appelaient la mamelle ruma ; aujourd’hui même ils donnent le nom de Rumilia à une déesse qui préside, dit-on, à la nourriture des enfants ; il n’entre point de vin dans ses sacrifices, et les libations s’y font avec du lait.