Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/442

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21. On approuve fort une loi de Solon qui défend de dire du mal des morts. En effet, c’est un devoir religieux et saint que celui qui nous fait regarder les morts comme sacrés : la justice commande de respecter la mémoire de ceux qui ne sont plus ; la politique même ne veut pas que les haines soient immortelles. Il défendit pareillement d’injurier personne dans les temples, dans les tribunaux, dans les assemblées et dans les jeux. Il condamna les contrevenants à une amende de cinq drachmes, dont trois applicables à la personne offensée, et les deux autres au trésor public. Ne pouvoir modérer nulle part sa colère, c’est l’effet d’un naturel violent et emporté ; la maîtriser partout est difficile, impossible même à certaines personnes. La loi donc doit prescrire ce qui est communément praticable, si elle veut que la punition d’un petit nombre soit profitable aux autres ; elle doit éviter de multiplier sans fruit les châtiments et les peines.

Sa loi sur les testaments fut aussi fort applaudie. Jusqu’à lui, les Athéniens n’avaient pas eu le pouvoir de tester ; tous les biens du mourant retournaient à sa famille. Solon, qui préférait l’amitié à la parenté, la liberté du choix à la contrainte, et qui voulait que chacun fût véritablement maître de ce qu’il avait, permit à ceux qui étaient sans enfants de