Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/480

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour sa propre sûreté, et dans la vue de se préserver de la cruauté des tyrans ; il ne rougissait pas même d’en porter le surnom.

4

Lorsque ces jeunes gens eurent été gagnés, et qu’ils se furent abouchés avec les Aquilius, ils voulurent se lier tous par le serment le plus fort et le plus horrible, en buvant le sang d’un homme qu’ils auraient immolé, et en tenant leurs mains sur ses entrailles. Ils se rendirent pour cela dans la maison des Aquilius, qui, solitaire et obscure, leur avait paru la plus favorable à leur projet. Ils ne s’aperçurent pas qu’un esclave, nommé Vindicius, y était caché : non qu’il voulût les épier, ou qu’il eût quelque pressentiment de leur dessein ; mais il s’était trouvé par hasard dans la maison, et les voyant entrer avec précipitation, il n’osa se montrer et se cacha derrière un grand coffre, d’où il vit tout ce qu’ils firent et entendit tous leurs projets. Ils y résolurent la mort des consuls. Les ambassadeurs, à qui les Aquilius avaient donné un logement dans cette maison, et qui assistaient à cette conférence, furent chargés de porter à Tarquin des lettres qui l’instruisaient du plan de la conjuration. Quand tout fut fini, et que les conjurés se furent retirés, Vindicius sortit secrètement de la maison ; mais ne sachant quel usage il ferait d’une découverte si importante qu’il