Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
45
DE PLUTARQUE.

son ouvrage, et qui lui a fait distiller toute son amertume contre l’historien le plus digne de notre estime. Hérodote, dans le récit de la bataille de Platée, avait dit que les Béotiens, après avoir fait alliance avec Xerxès, s’étaient battus contre les Grecs confédérés, avec autant d’acharnement que les barbares eux-mêmes. Plutarque, trop sensible au déshonneur que ce récit faisait rejaillir sur ses ancêtres, a voulu les venger, non en s’inscrivant en faux contre des faits trop connus de toute la Grèce pour oser les contredire ; mais, en suivant une route différente, il entreprend une critique générale de l’ouvrage de cet historien, et s’efforce de rendre suspect de partialité, de mauvaise foi, de méchanceté, l’écrivain le plus exact et le plus équitable. Il voulait par là affaiblir le témoignage qu’Hérodote avait rendu contre les Béotiens ; et il n’a pas senti qu’il ne faisait que réveiller l’attention de ses lecteurs sur la trahison de ses ancêtres, et confirmer un témoignage qu’il ne pouvait convaincre de fausseté. Ce qui prouve jusqu’à quel point la prévention l’aveugle, c’est qu’il est tombé dans les défauts qu’il reproche à Hérodote. Il ne loue d’abord les qualités de son style que pour enfoncer plus avant les traits amers de sa censure. Il prétend que