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SOLON ET PUBLICOLA.

sa mort, les plus illustres familles de Rome, les Publicola, les Messala, et tous les Valérius (22), lui rapportent la gloire de leur noblesse. Tellus fut tué par les ennemis et mourut à son poste en combattant avec courage ; Publicola, après avoir taillé en pièces ses ennemis, ce qui est bien plus heureux que de tomber sous leurs coups ; après avoir fait remporter à sa patrie la victoire la plus glorieuse ; après avoir reçu les triomphes et les autres honneurs qu il avait mérités, termine sa vie par la mort que Solon désirait le plus, et qu’il regardait comme la plus heureuse. D’ailleurs, le souhait que Solon exprime dans sa réponse à Mimnerme (23), sur la durée de la vie :

Qu’à ma mort mes amis, plongés dans la tristesse,
Versent sur mon tombeau des larmes de tendresse ;

ce souhait prouve le bonheur de Publicola. Sa mort fut pleurée non seulement de ses parens et de ses amis, mais de la ville entière ; des milliers de personnes eu portèrent le deuil ; les femmes romaines le regrettèrent comme un fils, ua frère ou un mari. Solon disait :

Oui, sans honte mon cœur désire la richesse ;
Mais je veux qu’elle soit le prix de ma sagesse :
Une fortune injuste est pour moi sans appas.

En effet, elle attire tôt ou tard la vengeance céleste. Publicola ne s’enrichit point par des injustices, et il eut de plus la gloire de faire un