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THÉSÉE.

pays des fictions et des monstres, habité par les poètes et les mythologistes, où rien n’est assuré et ne mérite aucune confiance. Les vies de Lycurgue le législateur et du roi Numa, que j’ai déjà publiées, m’ayant rapproché du temps de Romulus, j’ai cru pouvoir remonter jusqu’à ce prince(3). Mais en considérant

Qui d’entre les mortels on doit lui comparer,
Quel guerrier avec lui pourra se mesurer

comme le dit Eschyle, il m’a paru que le fondateur d’Athènes, cette ville si belle et si célèbre(4), pouvait très bien être mis en parallèle avec le père de la glorieuse et invincible Rome. Je voudrais pouvoir épurer cette vie de tout ce qu’elle a de fabuleux, et, en l’appuyant sur des fondemens raisonnables, lui donner l’air de l’histoire ; mais dans les endroits où, se refusant à toute espèce de vraisemblance, elle ne pourra obtenir la confiance des lecteurs, j’aurai recours à leur indulgence, et je les prierai de recevoir favorablement des fables dont l’origine se perd dans l’antiquité la plus reculée.

II. Thésée et Romulus m’ont paru avoir entre eux plusieurs traits de ressemblance : tous deux nés d’une union clandestine et d’un père incertain, ils ont passé l’un et l’autre pour enfans des dieux(5).