Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/117

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dans les guerres des Gaules, il avait aguerri ses troupes, augmenté sa gloire par ses exploits et égalé les hauts faits de Pompée. Il ne lui fallait que des prétextes pour colorer ses desseins ; et ils lui furent bientôt fournis, soit par Pompée lui-même, soit par les conjonctures, soit enfin par vices du gouvernement. À Rome, ceux qui briguaient alors les charges dressaient des tables de banque au milieu de la place publique, achetaient sans honte les suffrages des citoyens, qui, après les avoir vendus, descendaient au champ de Mars, non pour donner simplement leurs voix à celui qui les avait achetées, mais pour soutenir sa brigue à coups d’épée, de traits et de frondes. Souvent on ne sortait de l’assemblée qu’après avoir souillé la tribune de sang et de meurtre ; et la ville, plongée dans l’anarchie, ressemblait à un vaisseau sans gouvernail, battu par la tempête. Tout ce qu’il y avait de gens raisonnables aurait regardé comme un grand bonheur que cet état si violent de démence et d’agitation n’amenât pas un plus grand mal que la monarchie. Plusieurs même osaient dire ouvertement que la puissance d’un seul était l’unique remède aux maux de la république, et que ce remède il fallait le recevoir du médecin le plus doux, ce qui désignait clairement Pompée. Il affectait dans ses discours