Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/144

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lui dit-il, que devons-nous espérer aujourd’hui ? avons-nous bon courage ? » Crassinius lui tendant la main : « Nous vaincrons avec gloire, César, lui dit-il d’une voix forte, et aujourd’hui vous me louerez mort ou vif. » En disant ces mots, il s’élance avec impétuosité sur l’ennemi, et entraîne après lui sa compagnie, au nombre de cent vingt hommes. Il taille en pièces le premier qu’il trouve sur son passage, pénètre au milieu des plus épais bataillons, et s’entoure de morts, jusqu’à ce qu’enfin il reçoit dans la bouche un coup d’épée si violent, que la pointe sortit par le chignon du cou. Quand l’infanterie des deux armées fut ainsi engagée dans une mêlée très vive, la cavalerie de l’aile gauche de Pompée s’avança avec fierté, et étendit ses escadrons pour envelopper l’aile droite de César ; mais elle n’avait pas encore en le temps de la charger, lorsque les six cohortes que César avait placées derrière son aile courent sur ces cavaliers ; et au lieu de lancer de loin leurs javelots, suivant leur coutume, et de frapper à coups d’épée les jambes et les cuisses des ennemis, elles portent leurs coups dans les yeux, et cherchent à les blesser au visage ; c’était l’ordre qu’elles avaient reçu de César, qui s’était bien douté que ces cavaliers, si novices dans les combats et peu accoutumés