Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/180

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mettre à mort, et leur ôtèrent même l’honneur qu’ils avaient ambitionné et qui causa leur perte. Ceux qui les condamnèrent punirent en eux, non la complicité du meurtre, mais l’intention. Le lendemain, Brutus et les autres conjurés se rendirent sur la place et parlèrent au peuple, qui les écouta sans donner un signe de blâme ni d’approbation ; le profond silence qu’il garda faisait seulement connaître que, si d’un côté il plaignait César, de l’autre il respectait Brutus. Le sénat décréta l’amnistie générale du passé ; il ordonna qu’on rendrait à César les honneurs divins, et qu’on ne changerait aucune des ordonnances qu’il avait faite pendant sa dictature. Il distribua à Brutus et à ses complices des gouvernements, et leur décerna des honneurs convenables. Tout le monde crut que les affaires étaient sagement disposées, et la république remise dans le meilleur état.

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Mais quand on eut ouvert le testament de César, et qu’on y eut lu qu’il laissait à chaque Romain un legs considérable ; qu’ensuite on vit porter, à travers la place, son corps sanglant et déchiré de plaies, le peuple, ne se contenant plus et ne gardant aucune modération, fit un bûcher des bancs, des barrières et des tables qui, étaient sur la place, et brûla le corps de César. Prenant ensuite des tisons enflammés,