Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/50

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tombeau, et se proposa de surpasser encore ces frais immenses par la recherche et la magnificence des ornements. Entre tous les architectes de ce temps-là, il désira d’avoir, pour exécuter son dessein, un certain Stasicrates, qui, dans tous ses plans, montrait beaucoup de grandeur, de singularité et de hardiesse. Quelques années auparavant, cet architecte, s’entretenant avec Alexandre, lui avait dit que de toutes les montagnes qu’il avait vues, le mont Athos, dans la Thrace, était la plus susceptible d’être taillée en forme humaine ; que, s’il le lui ordonnait, il ferait de cette montagne la statue la plus durable et la plus apparente ; que dans sa main gauche elle tiendrait une ville de dix mille habitants, et verserait de la droite un grand fleuve qui aurait son embouchure dans la mer. Alexandre avait rejeté cette proposition ; alors il était tout occupé avec ses artistes à chercher, à imaginer des plans plus extraordinaires et plus coûteux.

XCV. Il marchait vers Babylone, lorsque Néarque, arrivé depuis peu de la grande mer par l’Euphrate, lui dit que les Chaldéens étaient venus l’avertir d’empêcher que le roi n’entrât dans Babylone. Alexandre ne tint aucun compte de cet avis et continua sa marche ; lorsqu’i1 fut près des murs de la ville, il vit plusieurs corbeaux