Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/81

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telle impression qu’il fut adopté par tous les sénateurs qui parlèrent après lui ; plusieurs même de ceux qui avaient déjà opiné revinrent à son sentiment : mais lorsque Caton et Catulus furent en tour de dire leur avis, ils s’élevèrent avec force contre l’opinion de César ; Caton surtout ayant insisté sans ménagement sur les soupçons qu’on avait contre lui, les ayant même fortifiés par de nouvelles preuves, les conjurés furent envoyés au supplice ; et lorsque César sortit du sénat, plusieurs des jeunes Romains qui servaient alors de gardes à Cicéron coururent sur lui l’épée nue à la main ; mais Curion le couvrit de sa toge, et lui donna le moyen de s’échapper. Cicéron lui-même, sur qui ces jeunes gens jetèrent les yeux, les arrêta, soit qu’il craignît le peuple, soit qu’il crût ce meurtre tout à fait injuste et contraire aux lois. Si ces particularités sont vraies, je ne sais pourquoi Cicéron n’en a rien dit dans l’histoire de son consulat ; mais dans la suite il fut blâmé de n’avoir pas saisi une occasion si favorable de se défaire de César, et d’avoir trop redouté l’affection singulière du peuple pour ce jeune Romain.

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On eut, peu de jours après, une nouvelle preuve de cette faveur populaire. César étant