Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/90

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Il était à peine entré en exercice de sa charge, qu’il publia des lois dignes, non d’un consul, mais du tribun le plus audacieux. Il proposa, par le seul motif de plaire au peuple, des partages de terres et des distributions de blé. Les premiers et les plus honnêtes d’entre les sénateurs s’élevèrent contre ces lois ; et César, qui depuis longtemps ne cherchait qu’un prétexte pour se déclarer, protesta hautement qu’on le poussait malgré lui vers le peuple ; que l’injustice et la dureté du sénat le mettaient dans la nécessité de faire la cour à la multitude, et sur-le-champ il se rendit à l’assemblée du peuple. Là, ayant à ses côtés Crassus et Pompée, il leur demanda à haute voix s’ils approuvaient les lois qu’il venait de proposer. Sur leur réponse affirmative, il les exhorta à le soutenir contre ceux qui, pour les lui faire retirer, le menaçaient de leurs poignards. Ils le lui promirent tous deux ; et Pompée ajouta qu’il opposerait à ces poignards l’épée et le bouclier. Cette parole déplut aux sénateurs et aux nobles, qui la trouvèrent peu convenable à sa dignité personnelle, aux égards qu’il devait au sénat, et digne tout au plus d’un jeune homme emporté ; mais elle le rendit très agréable au peuple. César, qui voulait s’assurer de plus en plus la puissance de Pompée, lui donna