Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/94

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grands hommes, par le nombre de batailles qu’il a livrées, et par la multitude incroyable d’ennemis qu’il a fait périr. En moins de dix ans qu’a duré sa guerre dans les Gaules, il a pris d’assaut plus de huit cents villes, il a soumis trois cents nations différentes, et combattu, en plusieurs batailles rangées, contre trois millions d’ennemis, dont il en a tué un million, et fait autant de prisonniers.

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D’ailleurs, il savait inspirer à ses soldats un affection et une ardeur si vives que ceux qui, sous d’autres chefs et dans d’autres guerres, ne différaient pas des soldats ordinaires, devenaient invincibles sous César, et ne trouvaient rien qui pût résister à l’impétuosité avec laquelle ils se précipitaient dans les plus grands dangers. Tel fut Acilius, qui, dans un combat naval donné près de Marseille, s’étant jeté dans un vaisseau ennemi, et ayant eu la main droite abattue d’un coup d’épée, n’abandonna pas son bouclier qu’il tenait de la main gauche, et dont il frappa sans relâche les ennemis au visage avec tant de roideur, qu’il les renversa tous, et se rendit maître du vaisseau. Au combat de Dyrrachium, Cassius Scéva eut l’oil percé d’une flèche, l’épaule et la cuisse traversées de deux javelots, et reçut cent trente coups sur son bouclier. Il appela les ennemis,