Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 11.djvu/98

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par lettres avec ses amis, lorsque les affaires pressées ne lui permettaient pas de s’aboucher avec eux, ou que le grand nombre de ses occupations et l’étendue de la ville ne lui en laissaient pas le temps.

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On cite un trait remarquable de sa simplicité dans la manière de vivre : Valérius Léo, son hôte à Milan, lui donnant un jour à souper, fit servir un plat d’asperges que l’on avait assaisonnées avec de l’huile de senteur, au lieu d’huile d’olive. Il en mangea sans avoir l’air de s’en apercevoir ; et ses amis s’en étant plaints, il leur en fit des reproches. « Ne devait-il pas vous suffire, leur dit-il, de n’en pas manger, si vous ne les trouviez pas bonnes ? Relever ce défaut de savoir-vivre, ce n’est pas savoir vivre soi-même. » Surpris, dans un de ses voyages, par un orage violent, il fut obligé de chercher une retraite dans la chaumière d’un pauvre homme, où il ne se trouva qu’une petite chambre, à peine suffisante pour une seule personne. « Il faut, dit-il à ses amis, céder aux grands les lieux les plus honorables ; mais les plus nécessaires ; il faut les laisser aux plus malades. » Il fit coucher Oppius dans la chambre, parce qu’il était incommodé, et il passa la nuit, avec ses autres amis, sous une couverture du toit en saillie.

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