Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 13.djvu/30

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partie de la jeunesse romaine, en lui prodiguant tous les jours les festins, les plaisirs, les voluptés de toute espèce, et n'épargnant rien pour fournir avec profusion à cette dépense. Déjà toute l'Étrurie et la plupart des peuples de la Gaule cisalpine étaient disposés à la révolte ; et l'inégalité qu'avait mise dans les fortunes la ruine des citoyens les plus distingués par leur naissance et par leur courage, qui, consumant leurs richesses en banquets, en spectacles, en bâtiments, en brigues pour les charges, avaient vu passer leurs biens dans les mains des hommes les plus méprisables et les plus abjects ; cette inégalité, dis-je, menaçait Rome de la plus funeste révolution. Il ne fallait pas, pour renverser un gouvernement déjà malade, que la plus légère impulsion que le premier audacieux oserait lui donner. Catilina, afin de s'entourer d'un rempart bien plus fort, se mit sur les rangs pour le consulat. Il fondait ses plus grandes espérances sur le collègue qu'il se flattait d'avoir : c'était Caïus Antonius, homme également incapable par lui-même d'être le chef d'aucun parti bon ou mauvais, mais qui pouvait augmenter beaucoup la puissance de celui qui serait à la tête de l'entreprise. Le plus grand nombre des citoyens honnêtes, voyant tout le danger qui menaçait la république, portèrent Cicéron