Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/193

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funèbre ; et voyant le peuple ému par ses discours, pour exciter davantage sa compassion, il prit la robe de César toute sanglante, et la déployant à ses yeux, il lui montra les coups dont elle était percée, et le grand nombre de blessures qu'il avait reçues. Dès ce moment il n'y eut plus aucun ordre parmi toute cette populace : les uns criaient qu'il fallait exterminer les meurtriers ; les autres, renouvelant ce qu'on avait fait aux funérailles de Clodius, cet orateur séditieux, arrachant des boutiques les bancs et les tables, et les mettant en un tas, dressent un grand bûcher, sur lequel ils placent le corps de César, et le font brûler au milieu des temples et d'autres lieux d'asile regardés comme inviolables. Quand le bûcher fut embrasé, ces factieux s'en approchant chacun de son côté, prennent des tisons ardents, et courent aux maisons des conjurés pour y mettre le feu ; mais comme ils s'étaient fortifiés d'avance, ils repoussèrent ce danger.

Un poète nommé Cinna, qui n'avait pris aucune part à la conjuration, qui même avait été l'ami de César, eut un songe dans lequel il crut voir César qui l'invitait à souper : il avait refusé d'abord son invitation ; mais enfin César le pressant et lui faisant même une sorte de violence, l'avait pris par la main, et