Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/201

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des troupes que Gabinius avait sous ses ordres. Brutus voulant le prévenir, et enlever ses troupes avant son arrivée, part à l'instant avec ce qu'il avait de soldats, les conduit, pendant une neige abondante, à travers des chemins raboteux et difficiles, et devance de beaucoup ceux qui portaient ses provisions. Quand il fut près d'Épidamne, la difficulté de la marche et la rigueur du froid lui causèrent la boulimie[13], maladie qu'éprouvent également les hommes et les animaux quand ils se sont fatigués à marcher dans la neige, soit que la chaleur naturelle, concentrée dans l'intérieur par le froid et par la densité de l'air, consume promptement la nourriture qu'ils ont prise, soit que la vapeur subtile et incisive de la neige, pénétrant le corps, fasse exhaler et dissiper au dehors la chaleur intérieure : car les sueurs, qui sont un des symptômes de cette maladie, semblent être l'effet de cette dissipation que subit la chaleur, lorsqu'elle est saisie par le froid à la superficie du corps.

26. Brutus donc était tombé en défaillance ; et personne, dans son camp, n'ayant rien à lui donner, ses domestiques furent forcés d'avoir recours aux ennemis ;