Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 15.djvu/231

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Ceux qui croyaient avoir la vue plus perçante assuraient à Brutus qu'ils voyaient étinceler une grande quantité d'armes et de boucliers d'argent qui allaient de tous côtés dans le camp de Cassius ; mais ils n'y reconnaissaient ni le nombre ni l'armure des troupes qu'on y avait laissées pour le garder ; ils ajoutaient qu'on ne voyait pas au delà autant de morts qu'il devrait naturellement y en avoir. si tant de légions eussent été défaites. Toutes ces circonstances firent soupçonner à Brutus le désastre de l'aile gauche : il laissa donc un corps suffisant de troupes pour garder le camp des ennemis, rappela ceux qui poursuivaient les fuyards, et les rallia pour aller au secours de Cassius.

43. Or voici comment les choses s'étaient passées de son côté. Ce général avait vu avec peine les troupes de Brutus fondre impétueusement sur les ennemis, sans attendre ni le mot ni l'ordre de l'attaque : et il ne fut pas moins mécontent de voir qu'après s'être emparées du camp de César, elles n'avaient songé qu'à le piller, au lieu d'aller envelopper les ennemis ; et par le temps qu'il perdit à considérer leurs fautes, plutôt que par l'activité et la capacité des généraux, il donna à l'aile droite de César la facilité de l'envelopper lui-même. Aussitôt sa cavalerie se débanda, et s'enfuit vers la mer. Cassius, voyant l'infanterie se préparer à la suivre,