Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/114

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différentes pensées, il cherchait les moyens, non de se dérober aux ennemis, mais de trouver une occasion favorable de les attaquer avec succès. Il voyait que les Ardéates, assez forts quant au nombre, étaient découragés par l’inexpérience et le défaut de cœur de leurs généraux. Il s’adressa donc aux jeunes gens, et leur dit qu’il ne fallait pas attribuer à la valeur des Gaulois la défaite des Romains ; que des hommes qui n’avaient eu rien à faire pour vaincre ne pouvaient tirer vanité des malheurs amenés par de mauvais conseils ; que la fortune seule avait tout fait ; qu’il serait beau de courir des dangers pour repousser les Barbares, et se délivrer d’un ennemi qui ne se proposait d’autre but de la victoire que de détruire, comme le feu, tout ce qu’il aurait soumis ; que, s’ils voulaient prendre confiance et montrer du courage, il leur ménagerait une occasion de vaincre sans danger. XXX. Comme il vit que les jeunes gens l’écoutaient volontiers, il alla trouver les magistrats et les sénateurs d’Ardée, qui goûtèrent aussi ses conseils. Alors ayant fait prendre les armes à tous ceux qui étaient en âge de les porter, et ne voulant pas que l’ennemi, qui se trouvait dans le voisinage, en fût averti, il les tint renfermés dans la ville. Les Gaulois, après avoir couru tout le pays, s’en retournaient