Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/120

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et de surprendre les gardes endormis ; car aucun homme ni aucun chien ne les avait entendus. XXXIV. Heureusement qu’on entretenait dans le Capitole, près du temple de Junon, les oies sacrées, qui avaient ordinairement une nourriture abondante, mais qui, depuis qu’on avait à peine assez de vivres pour les hommes, étaient fort négligées, et mangeaient peu. Cet animal a l’ouïe très fine, et s’effraye au moindre bruit. Celles-ci, que la faim tenait plus éveillées et rendait plus susceptibles d’effroi, sentirent bientôt l’approche des Gaulois ; et, courant à eux avec de grands cris, elles réveillèrent tous les Romains. Les Barbares, de leur côté, se voyant découverts, ne craignirent plus de faire du bruit, et allèrent aux assiégés en jetant des cris affreux. Ceux-ci, saisissant à la hâte les premières armes qu’ils trouvent sous la main, se défendent suivant que la circonstance le leur permet. Le premier qui fit tête aux Barbares fut Manlius, homme consulaire, d’une grande force de corps et d’un courage plus grand encore. II eut affaire à deux ennemis à la fois, dont l’un levait déjà la hache pour le frapper, lorsque Manlius, le prévenant, lui abat la main d’un coup d’épée : en même temps il heurte l’autre si rudement au visage avec son bouclier, qu’il le renverse