Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/367

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les décriait auprès de Tisapherne, et le dissuadait de leur donner des secours assez puissants pour détruire entièrement les Athéniens. Il lui conseillait de secourir faiblement les premiers ; de laisser les deux peuples s’affaiblir et se miner insensiblement, afin qu’après les avoir épuisés l’un par l’autre il fût facile au roi de les soumettre. Tisapherne suivit ce conseil ; dans toutes les occasions il montrait son amitié et son admiration pour Alcibiade, qui, par là, se vit également recherché des deux partis qui divisaient la Grèce.

XXXI. Les Athéniens, qui avaient déjà beaucoup souffert, commençaient à se repentir des décrets qu’ils avaient portés contre lui ; et Alcibiade lui-même voyait avec peine l’état fâcheux où ils étaient réduits ; il craignait, si Athènes était entièrement détruite, de tomber entre les mains des Spartiates, qui le haïssaient. Toutes les forces des Athéniens étaient alors rassemblées à Samos ; c’était de là qu’avec leur flotte ils faisaient rentrer sous leur obéissance les villes qui s’étaient révoltées, contenaient les autres dans le devoir, et pouvaient encore faire tête sur mer à leurs ennemis : mais ils craignaient Tisapherne et les cent cinquante vaisseaux phéniciens dont l’arrivée, qu’on annonçait comme prochaine, ne leur