Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/93

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ces enfants entre les mains, il demande qu’on le présente à Camille. On l’y conduisit ; et quand il fut en sa présence, il lui dit qu’il était le maître d’école de Faléries ; que, préférant aux devoirs que ce titre lui imposait, le plaisir de l’obliger, il venait, en lui livrant ses élèves, le rendre maître de la ville. Camille, révolté d’une si noire perfidie, dit à ceux qui étaient présents : « Combien la guerre est une chose fâcheuse ! que d’injustices et de violences elle entraîne après elle ! Mais pour les hommes honnêtes la guerre elle-même a ses lois ; et il ne faut pas désirer tellement la victoire, qu’on n’ait horreur de l’obtenir par des moyens criminels et impies. Un grand général doit l’attendre de sa propre valeur, et non de la méchanceté d’autrui. » En même temps il commande qu’on déchire les habits de cet homme, qu’on lui lie les mains derrière le dos, et qu’on donne des verges et des courroies aux enfants, afin qu’ils ramènent ce traître dans la ville en le frappant sans relâche.

XIII. Cependant les Falisques avaient reconnu la trahison de leur maître d’école, et toute la ville était, comme on peut croire, dans la plus grande consternation. Les principaux habitants, hommes et femmes, couraient tous hors d’eux-mêmes sur les murailles et aux portes, lorsque tout à coup ils voient paraître