Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 3.djvu/99

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ne voulut point quitter la maison d’Aruns ; il couvrait d’un feint attachement pour celui-ci les liaisons coupables qu’il entretenait avec sa femme, qui de son côté partageait son ardeur criminelle. Longtemps leur intrigue resta secrète ; mais enfin leur passion mutuelle acquit tant de force, que, ne pouvant plus ni la vaincre ni la cacher, le jeune homme osa enlever celle qu’il aimait, et la garder publiquement chez lui. Aruns le traduisit en justice ; mais, incapable de lutter contre les nombreux amis, le crédit et les largesses de Lucumon, il succomba et perdit sa cause. Ayant abandonné son pays, il passa chez les Gaulois, qu’il connaissait de réputation, et se mit à leur tête pour les conduire en Italie.

[16] Ils y furent à peine entrés, qu’ils se rendirent maîtres de tout le pays que les Toscans avaient anciennement possédé, et qui s’étendait depuis les Alpes jusqu’aux deux mers. Les noms que ces contrées portent eneore prouvent qu’elles avaient appartenu à la Toscane. La mer qui la borne au nord est appelée Adriatique, de la ville d’Adria, colonie des Toscans ; et la mer inférieure, située au midi, se nomme la mer de Toscane. Tout le pays est planté d’arbres, riche en pâturages, et arrosé de plusieurs rivières. Il avait alors dix-huit grandes villes qui faisaient un commerce très étendu, et qui vivaient dans la plus