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CATON.

et le désespoir : Caton, qui voyait toute la grandeur du péril, commande aux troupes de s’arrêter et de l’attendre. Il prend avec lui un certain Lucius Mallius, homme très leste à gravir les montagnes ; et, marchant avec autant de danger que de peine, dans une nuit où la lune n’éclairait pas, il grimpe à travers des oliviers sauvages et de vastes rochers qui arrêtaient la vue et les empêchaient de rien distinguer. Ils arrivent enfin à un sentier étroit qui paraissait conduire au bas de la montagne où était le camp des ennemis. Après avoir placé des signaux sur les pointes des rochers les plus faciles à distinguer et qui dominaient le mont Callidrome (05), ils retournent sur leurs pas, vont rejoindre le gros de l’armée ; et, se remettant en marche, toujours guidés par leurs signaux, ils regagnent le petit sentier, où ils se mettent en ordre pour continuer leur marche.

XX. Ils n’avaient fait encore que peu de chemin, lorsque, le sentier leur manquant, ils ne virent devant eux qu’un vaste gouffre. La frayeur les saisit de nouveau, et les jeta dans une cruelle incertitude : ils ignoraient et ne se doutaient même pas qu’ils fussent près des ennemis. Le jour commençait à poindre, lorsqu’un d’entre eux crut entendre du bruit et un instant après voir le camp des Grecs et leurs gardes avan-