Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 5.djvu/349

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et nourrissant les plus hautes espérances. Il jugea que ce n’était pas le temps pour les Romains de discuter et de terminer les querelles des Carthaginois avec Massinissa ; et que, s’ils ne se hâtaient de détruire cette ville, leur ancienne ennemie, qui conservait toujours un profond ressentiment du passé, et qui, dans si peu de temps avait repris un accroissement qu’on pouvait à peine croire (11), ils allaient retomber dans les périls où ils s’étaient vus autrefois.

XLI. Il retourna donc promptement à Rome, et représenta au sénat que les défaites et les malheurs des Carthaginois avaient moins épuisé leurs forces que guéri leur imprudence. « Les guerres qu’ils ont eues contre les Romains, ajouta-t-il, les ont plutôt aguerris qu’affaiblis ; celle qu’ils font aux Numides est le prélude des entreprises qu’ils méditent contre les Romains ; tous les traités de paix qu’on a faits avec eux n’ont rien de solide, et ne sont que de simples suspensions d’armes, pour attendre une occasion favorable. » En finissant, il laissa tomber des figues de Lybie qu’il avait dans le pan de sa robe ; les sénateurs en ayant admiré la grosseur et la beauté : « La terre qui les produit, leur dit Caton, n’est qu’à trois journées de Rome. » Une preuve plus forte encore de sa

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