Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 5.djvu/361

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courage ; mais la gloire et la couronne de ces exploits, ainsi que l’or et les autres richesses qu’on y prit, il les céda à ceux qui en avaient plus besoin que lui, parce qu’il leur était bien supérieur.

VIII. Je ne blâmerai pas Caton de ce qu’il se vantait sans cesse et se mettait au-dessus de tous les autres Romains ; quoique d’ailleurs il dise lui-même, dans un de ses ouvrages, qu’il est aussi ridicule de se louer soi-même que de se blâmer. Mais celui qui se loue à tout propos me paraît d’une vertu bien moins parfaite que celui qui n’a pas même besoin de la louange des autres. La modestie sert beaucoup à donner de la douceur, cette vertu si nécessaire en politique : au contraire, l’orgueil rend difficile, c’est une source d’envie ; passion qui ne fut pas même connue d’Aristide, et à laquelle Caton fut très sujet. Aristide, en favorisant les plus grandes entreprises de Thémistocle, en lui servant, pour ainsi dire, de garde pendant qu’il commandait, releva la ville d’Athènes ; et il ne tint pas à Caton qu’en se déclarant l’ennemi de Scipion il n’empêchât et ne fit manquer cette expédition contre les Carthaginois, dans laquelle ce jeune Romain défit Annibal, jusqu’alors invincible. Enfin, en élevant chaque jour contre lui de nouveaux soupçons

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