Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/245

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à ceux du camp, personne n’osa y rester pour le défendre, et Sylla l’emporta d’emblée. Il y fit un si grand carnage, que les marais furent teints de sang, et le lac rempli de morts ; encore aujourd’hui, près de deux cents ans après, cette bataille, on trouve souvent des arcs de ces Barbares, des casques, des pièces de cuirasses, des épées et d’autres armes, enfoncées dans la bourbe. Tel est le récit que les historiens font des événements qui eurent lieu près de Chéronée et d’Orchomène.

XXII. Cependant, à Rome, Carbon et Cinna traitaient avec tant d’injustice et de cruauté les personnes les plus considérables, qu’un grand nombre d’elles, pour échapper à leur tyrannie, cherchèrent un asyle dans le camp de Sylla, comme dans un port assuré, et qu’en peu de temps il eut autour de lui une espèce de sénat. Métella sa femme, s’étant dérobée avec peine à leur fureur, elle et ses enfants, vint lui apprendre que sa maison et ses terres avaient été incendiées par ses ennemis, et le conjura d’aller secourir ceux qui étaient restés à Rome. Ces nouvelles jetèrent Sylla dans une grande perplexité. Il ne pouvait se résoudre à laisser sa patrie en proie à tant de maux. Mais comment partir avant d’avoir achevé une entreprise aussi importante que la guerre de Mithridate ? Comme