Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/254

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la Thessalie et la Macédoine, descendit vers la mer pour s’embarquer à Dyrrachium, et passer de là à Brunduse, avec une flotte de douze cents voiles. Près de Dyrrachium est la ville d’Apollonie, qui a dans son voisinage un lieu sacré qu’on appelle Nymphée, où, du milieu d’une vallée que couvrent de belles prairies, il jaillit des sources de feu qui coulent continuellement. Ce fut là, dit-on, qu’on surprit un satyre endormi, tels que les sculpteurs et les peintres les représentent. Il fut conduit à Sylla, et interrogé par divers interprètes, qui lui demandèrent son nom ; mais il ne répondit rien d’articulé ni d’intelligible : sa voix n’était qu’un cri rude et sauvage, qui tenait du hennissement du cheval et du bêlement du bouc. Sylla, saisi d’horreur, le fît ôter de sa présence. Lorsqu’il fut prêt à embarquer ses troupes, il parut craindre que les soldats, une fois arrivés en Italie, ne voulussent se débander, et se retirer chacun dans sa ville ; mais ils vinrent tous d’eux-mêmes lui jurer qu’ils resteraient aux drapeaux, et qu’ils ne commettraient volontairement aucune violence dans l’Italie. Ensuite, sachant qu’il avait besoin de beaucoup d’argent, ils contribuèrent chacun selon ses facultés, et lui apportèrent ce qu’ils avaient pu ramasser entre eux. Sylla ne voulut pas recevoir leur don,