Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/255

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et, après avoir loué leur bonne volonté, après les avoir encouragés, il traversa la mer, pour aller, comme il le dit lui-même, contre quinze chefs de factions, qui tous étaient ses ennemis, et avaient sous leurs ordres quatre cent cinquante cohortes. Mais les dieux lui donnèrent les présages les plus certains des succès qu’ils lui destinaient. En arrivant à Tarente, il fit un sacrifice, où le foie de la victime parut avoir la forme d’une couronne de laurier, d’où pendaient deux bandelettes. Peu de temps avant qu’il s’embarquât, on avait vu en plein jour, près du mont Éphéon, dans la Campanie, deux boucs d’une taille extraordinaire qui se battaient, et faisaient les mêmes mouvements que des hommes qui combattent ; mais ce n’était qu’un fantôme, qui, s’élevant peu à peu de terre, s’étendit dans les airs, et, comme ces spectres ténébreux qui paraissent quelquefois, se dissipa bientôt, et s’évanouit. Peu de temps après, le jeune Marius et le consul Norbanus ayant amené dans ce même lieu deux puissantes armées, Sylla, sans se donner le temps de mettre ses troupes en bataille, et de leur assigner aucun poste, sans autre moyen que l’ardeur et l’audace de ses soldats, défit ces deux généraux, les mit en fuite, et, après avoir tué sept mille hommes à Norbanus, il l’obligea de se renfermer dans Capoue.