Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/261

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s’arrêta et passa la nuit devant les murailles, se glorifiant de sa hardiesse, et concevant de grandes espérances de ce qu’il avait donné le change à tant et à de si grands capitaines. Le lendemain, à la pointe du jour, un grand nombre de jeunes gens des premières maisons de Rome étant sortis à cheval pour escarmoucher contre lui, il en tua plusieurs, et entre autres Appius Claudius, jeune homme aussi distingué par son courage que par sa naissance. Ces événements avaient jeté le trouble et l’effroi dans Rome ; les femmes couraient dans les rues en jetant de grands cris, et se croyaient déjà prises d’assaut. Enfin, on vit arriver Balbus, à qui Sylla avait fait prendre les devants avec sept cents cavaliers. II ne s’était arrêté que le temps nécessaire pour faire souffler les chevaux, et, ayant rebridé sur-le-champ, il accourait pour arrêter l’ennemi, lorsque Sylla parut, qui, après avoir fait prendre aux premiers arrivés un peu de nourriture, les mit tout de suite en bataille. Torquatus et Dolabella le conjurèrent de ne pas s’exposer à tout perdre en menant à l’ennemi des troupes excédées de fatigue ; ils lui représentaient qu’il n’avait pas affaire à un Carbon, à un Marius, mais aux Samnites et aux Lucaniens, les deux peuples les plus belliqueux et les plus ardents