Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/269

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publique sur son tribunal ; après quoi il alla froidement laver ses mains dégouttantes de sang dans le vase d’eau lustrale qui était près de là, placé à la porte du temple d’Apollon.

XXXIII. Après tant de meurtres, rien ne révolta davantage que de voir Sylla se nommer lui-même dictateur, et rétablir pour lui une dignité qui était suspendue à Rome depuis cent vingt ans. Il se fit donner une abolition générale du passé, et, pour l’avenir, le droit de vie et de mort, le pouvoir de confisquer les biens, de partager les terres, de bâtir des villes, d’en détruire d’autres, d’ôter et de donner les royaumes à son gré. Il vendait à l’encan les biens qu’il avait confisqués ; du haut de son tribunal, il présidait lui-même à ces ventes, mais avec tant d’insolence et de despotisme, que les adjudications qu’il en faisait étaient encore plus odieuses que la confiscation même. Des courtisanes, des musiciens, des farceurs, des affranchis, qui étaient les plus scélérats des hommes recevaient des pays entiers, ou tous les revenus d’une ville. Il alla jusqu’à enlever des femmes à leurs maris, pour les faire épouser à d’autres malgré elles. Comme il ambitionnait l’alliance du grand Pompée, il l’obligea de répudier sa femme, pour lui faire épouser Émilia, fille de Scaurus et de Métella, femme de