Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/271

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et leurs femmes. Quand la pompe du triomphe fut terminée, il fit, dans l’assemblée du peuple, l’apologie de sa conduite, et rappela avec plus de soin les faveurs de la fortune que ses belles actions ; il finit par ordonner qu’on lui donnât à l’avenir le surnom d’Heureux, Felix dans la langue latine. Depuis ce temps-là, quand il écrivait aux Grecs, ou qu’il traitait avec eux d’affaires, il prenait le surnom d’Épaphrodite. Les trophées qu’on voit encore aujourd’hui dans la Béotie portent cette inscription : LUCIUS CORNELIUS SYLLA EPAPHRODITUS. Métella, sa femme, étant accouchée d’un fils et d’une fille, il nomma le fils Faustus et la fille Fausta, noms qui, chez les Romains, désignent ce qui est heureux et de bon augure. Mais rien ne prouve davantage qu’il avait bien plus de confiance en son bonheur qu’en ses exploits que de le voir, après avoir égorgé tant de milliers de citoyens, après avoir fait tant et de si grands changements dans la république, se démettre volontairement de la dictature, et rendre au peuple les élections consulaires. II ne fut pas présent aux comices ; mais il se tint tranquillement sur la place, confondu dans