Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 7.djvu/62

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avec laquelle ils étaient allés à l'ennemi, on ne vit pas un seul Romain suer ou haleter : c'est le témoignage que Catulus lui-même leur rend en faisant l'éloge de ses troupes.

28. La plupart des ennemis, et surtout les plus braves d'entre eux, furent taillés un pièces ; car, pour empêcher que ceux des premiers rangs ne rompissent leur ordonnance, ils étaient liés ensemble par de longues chaînes attachées à leurs baudriers. Les vainqueurs poussèrent les fuyards jusqu'à leurs retranchements ; et ce fut là qu'on vit le spectacle le plus tragique et le plus affreux. Les femmes, vêtues de noir et placées sur les chariots, ruaient elles-mêmes les fuyards, dont les uns étaient leurs maris, les autres leurs frères, ou leurs pères ; elles étouffaient leurs enfants de leurs propres mains, les jetaient sous les roues des chariots ou sous les pieds des chevaux, et se tuaient ensuite elles-mêmes. Une d'entre elles, à ce qu'on assure, après avoir attaché ses deux enfants à ses deux talons, se pendit au timon de son chariot. Les hommes, faute d'arbres pour se pendre, se mettaient au cou des nouds coulants, qu'ils attachaient aux cornes ou aux jambes des boufs, et, les piquant ensuite pour les faire courir, ils périssaient étranglés, ou foulés aux pieds de ces animaux. Malgré le grand nombre de